Pourquoi je n’utiliserai jamais le navigateur Atlas de ChatGPT
Écoutez, je sais ce que vous pensez. « Encore un article critique sur une nouvelle technologie ? » Mais attendez, laissez-moi vous raconter mes véritables galères avec Atlas, le nouveau navigateur d'OpenAI. Parce que j'ai vraiment pris le temps de le tester à fond, et croyez-moi, j'ai des choses à vous dire.
La vision du navigateur Atlas de ChatGPT
Quand OpenAI a annoncé Atlas mardi dernier, l'idée paraissait géniale : un navigateur avec ChatGPT constamment à vos côtés, qui voit tout ce que vous faites, comprend le contexte de chaque page, et peut même agir à votre place. Commander vos courses ? Remplir ce formulaire administratif pénible ? Comparer 50 produits sur Amazon ? L'IA s'en charge.
Avec 800 millions d'utilisateurs ChatGPT potentiels dans le viseur, OpenAI avait de quoi frapper fort. J'étais curieux, je l'avoue. Alors j'ai téléchargé Atlas (disponible sur chatgpt.com/atlas pour macOS, Windows et mobile "bientôt"), j'ai importé mes marque-pages et mon historique en 30 secondes, super fluide, je reconnais. Et puis j'ai plongé dans l'expérience.
L'interface Atlas : une sidebar qui devient vite envahissante
Visuellement, Atlas n'est pas révolutionnaire. C'est du Chromium classique comme Chrome, Brave ou Edge, avec une interface minimaliste. La seule vraie différence ? Cette fameuse sidebar ChatGPT collée sur le côté droit de votre écran. Tout le temps.
L'idée, c'est que vous pouvez lui poser des questions par écrit ou en vocal, et l'IA comprend automatiquement le contexte de la page que vous consultez. Vous lisez un article technique ? Demandez-lui un résumé. Vous comparez des laptops ? Demandez-lui lequel choisir. Pas besoin de copier-coller, pas de screenshots, ChatGPT voit ce que vous voyez.
Sur le papier, c'est pratique. Dans la réalité ? C'est là que ça se gâte.
Le mode Agent navigateur Atlas
Parlons du mode Agent, La meilleure fonctionnalité qu'OpenAI a mise en avant. C'est censé être le super-assistant qui agit à votre place : analyser les données de plusieurs feuilles de calcul, générer un rapport de performance trimestriel, comparer les prix de billets d'avion sur trois sites différents, ou encore automatiser la publication de contenu sur les réseaux sociaux... Tout ça sans toucher à la souris.
Ça, c'est la science-fiction qu'ils vous vendent.
La réalité ? J'ai testé, et honnêtement, c'est nul. Il n'arrive jamais à finir une tâche simple tout seul. Dès qu'il doit faire plus de deux clics, l'Agent se bloque, ne comprend plus rien et fait des erreurs bêtes. J'ai voulu qu'il copie des adresses email d'un site pour les mettre dans un fichier, et il a cliqué n'importe où avant d'abandonner. C'est lent et ça ne marche pas.
Si vous êtes en gratuit, même pas la peine d'essayer. OpenAI s'en défend en disant que c'est "une beta publique" et qu'il ne faut "pas s'attendre à des miracles
Les "Browser Memories" : pratique ou flippant ?
Ensuite, il y a les browser memories. En gros, ChatGPT se souvient de TOUT ce que vous faites sur le web. Les sites que vous visitez, vos recherches, les produits que vous regardez, et il utilise ça pour personnaliser ses réponses.
Exemple concret : vous passez quelques jours à consulter des recettes végétariennes et des articles sur le yoga, et Atlas vous suggère automatiquement "Tiens, voici un plan de repas équilibré basé sur tes préférences récentes". Ou si vous cherchez des informations sur l'apprentissage du piano, il peut se souvenir que vous êtes débutant et vous proposer des ressources adaptées à votre niveau.
C'est intelligent, je l'admets. Mais c'est aussi profondément flippant.
J'ai ouvert mes paramètres pour consulter ces "mémoires", et j'ai vu toutes mes habitudes de navigation cataloguées. Vous pouvez les archiver une par une, certes, mais bon... voir tout ce que cette IA (et potentiellement d'autres) sait sur vous, ça fait froid dans le dos.
OpenAI promet que ces données ne sont pas utilisées pour entraîner leurs modèles par défaut. Vous pouvez même activer le mode incognito ou bloquer la visibilité de ChatGPT sur certains sites. C'est bien pensé niveau contrôle, mais leurs promesses n'engagent que ceux qui y croient, non ?
Les failles de sécurité du navigateur Atlas
Parlons sécurité, voulez-vous ? Parce que c'est là que ça devient vraiment inquiétant.
Des attaques invisibles... et réelles
L'Agent peut se faire manipuler par des instructions malveillantes cachées dans une page web ou un email. Ce n'est pas de la science-fiction : des chercheurs en cybersécurité l'ont déjà démontré.
Imaginez ce scénario : vous visitez un site qui semble légitime, mais qui contient des instructions invisibles (en texte blanc sur fond blanc, ou cachées dans le code HTML). L'Agent lit ces commandes et les exécute. Résultat ? Il pourrait :
- Envoyer un document confidentiel par email à une adresse inconnue
- Modifier les paramètres de confidentialité de vos comptes pour tout rendre public
- Copier vos mots de passe ou vos données bancaires dans le presse-papiers (et les envoyer ailleurs)
- Réserver un hôtel, supprimer des fichiers, ou envoyer des messages à vos contacts
Sans vous demander votre avis. Sans même que vous le sachiez.
L'attaque "Tainted Memories" : le cauchemar persistant
Il y a pire. Des experts ont découvert une vulnérabilité baptisée "Tainted Memories" (mémoires contaminées). L'idée ? Un site malveillant infecte la mémoire de votre ChatGPT avec des instructions cachées. Et là, c'est le drame :
Cette contamination persiste.
Elle vous suit sur tous vos appareils, tous vos navigateurs, pendant des semaines ou des mois. À chaque fois que vous utilisez ChatGPT normalement, ces instructions corrompues se réactivent en arrière-plan. Vous codez ? L'IA injecte du code malveillant. Vous écrivez un email ? Elle exfiltre vos données.
Et vous ne voyez rien. Tout a l'air normal.
Les chiffres qui font peur
Tenez-vous bien : des tests indépendants ont comparé Atlas à Chrome et Edge face à plus de 100 attaques de phishing réelles.
Résultat ?
- Microsoft Edge a bloqué 53% des attaques
- Google Chrome : 47%
- ChatGPT Atlas : 5,8%
Vous avez bien lu. Atlas ne détecte qu'1 attaque sur 20. Cela signifie que vous êtes jusqu'à 90% plus vulnérable qu'avec un navigateur classique.
Même OpenAI l'admet
Le pire ? OpenAI le sait.
Dane Stuckey, leur responsable de la sécurité, a publiquement reconnu que "le prompt injection reste un problème de sécurité de pointe non résolu" et que "nos adversaires vont passer beaucoup de temps et de ressources pour tromper l'Agent ChatGPT".
Ils ont mis des garde-fous, certes. Red-teaming, entraînement du modèle, systèmes de détection... Mais ils admettent eux-mêmes que ça n'arrêtera pas toutes les attaques.
Le jour où... peut-être
Je ne vais pas vous mentir. Si OpenAI parvient à corriger tous ces problèmes, et ils en ont les moyens avec leur flot constant de financements , Atlas pourrait devenir intéressant. Le jour où l'Agent sera vraiment fiable et rapide, ça changera tout. On pourra déléguer les tâches chiantes : remplir des formulaires, comparer des produits, chercher des hôtels pendant des heures.
Mais ce jour n'est pas aujourd'hui.
Mon verdict : attendez la version 2.0
Aujourd'hui, avec tous ces problèmes de fiabilité, ces bugs frustrants, ces failles de sécurité, et ces questions de confidentialité non résolues, je ne vois aucune raison valable d'abandonner mon navigateur habituel pour Atlas.
Peut-être que dans six mois, dans un an, quand OpenAI aura corrigé le tir, je reviendrai jeter un œil. Mais pour l'instant ? Je passe mon tour. Et je vous conseille sincèrement d'en faire autant.
Parce qu'au final, un navigateur doit faire une chose : fonctionner. De manière fiable, sécurisée, sans vous espionner à chaque clic. Et Atlas, malgré tout le battage médiatique et les 800 millions d'utilisateurs potentiels, n'y arrive tout simplement pas encore.
Vous utilisez déjà Atlas ? Vous avez eu de meilleures expériences que moi ? Racontez-moi ça en commentaire. Peut-être que j'ai raté quelque chose !
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